Argo VFX donne la parole à des professionnels afin de vous faire découvrir les nombreux métiers liés à l’audiovisuel. Ce sont tous d’anciens étudiants dont j’ai croisé la route à un moment ou un autre.
Après Steven Léauté, c’est Michael Dreno qui a bien voulu répondre à mes questions.
Christophe Fernandez : Salut Michael. Quel âge as-tu ? Quelles fonctions occupes-tu aujourd’hui ? ou quel métier exerces-tu ?
Michael Dreno : Salut. J’ai 39 ans et je suis superviseur layout chez Blue Spirit Studio à Angoulême. Je dirige donc une équipe de 3 à 5 opérateurs. Le rôle du lay out 3d est de faire le pont entre la 2d du story board et la 3d. Nous mettons la scène en place, gérons les cameras, les raccords. C’est un travail à la fois technique et artistique car il faut respecter toutes les contraintes des productions et connaître les règles fondamentales de construction d’une image.
J ai eu l’occasion travailler sur pas mal de beaux projets plus ou moins connus pour la TV ou le cinéma. Dans les plus connus, il y a les saisons 2, 3 et 4 des Cités d’or, Ernest et Célestine la collection. Pour ce qui est des plus beaux, je pense aux longs métrages Pachamama et le Voyage du Prince, et la superbe série Les grandes grandes vacances.
C.F : Quand as-tu su que tu voulais travailler dans ce milieu ? Tu étais plutôt artiste ou technicien ?
M.D : À la base je voulais faire du jeu vidéo, et l’aventure de la 3d m’a conduit dans le dessin animé. Je suis sorti d’une école d’arts appliqués. Donc à la fois technique et artistique.
J’ai toujours été un mordu de jeux vidéo, j’avais imaginé à 14 ans un univers pour un jeu de rôle. Je devais m’occuper du design et mon pote qui est maintenant ingénieur informatique devait faire le développement… J’adorais les RPG japonais, Final Fantasy, Suikoden… Je n’imaginais pas faire autre chose que du jeu vidéo.
C.F : Comment t’es-tu formé ? Quelle partie as-tu apprise seul et quelle autre en école ?
M.D : J’ai appris beaucoup à l’école. Le dessin, la peinture, tout le côté artistique. Et la prise en main basique de pas mal de logiciels. On y apprend aussi la rigueur.
C.F : Que penses-tu qu’il ait manqué dans les écoles que tu as fréquentées ?
M.D : Je suis arrivé dans une période un peu transitoire dans mon école. On a manqué de professionnels qualifiés sur certaines matières qui était émergentes, notamment l’animation.
C.F : Comment es-tu entré dans le milieu professionnel ? Quel a été ton premier contrat ?
M.D : J’ai eu un contact dans un petit studio parisien qui faisait principalement de l’évènementiel, des vidéos d’arrières scènes pour des conventions, des concerts. J’ai harcelé le patron pendant 3 mois pour m’assurer qu il ne file pas le poste à quelqu’un d’autre. C’était en 2005.
C.F : Quels logiciels utilises-tu le plus dans ton travail de tous les jours ?
M.D : 3ds Max et Photoshop, mais tout notre pipeline va basculer sur Maya dans les années à venir. Ah oui… Le logiciel que j’utilise le plus c’est un logiciel de gestion de travail développé en interne qu’on appelle Simone.
C.F : Comment vois-tu les années à venir professionnellement ?
M.D : Cela fait 12 ans que je fais ce travail et j’y suis très épanoui. Actuellement, je n’envisage pas autre chose !
C.F : Que penses-tu de l’arrivée des plate-formes comme Netflix ? Est-ce que ça change la donne pour toi ?
M.D : C’est très bien, que des investisseurs autres que les TV publiques envahissent le marché. Ça permet de créer des médias qui sont complément en marge du main stream. C’est très intéressant artistiquement parlant.
Je peux pas dire que ça change quoi que ce soit pour moi. Le dessin animé est en plein essor. On est en plein emploi à Angoulême (on a même du mal à recruter). La multiplication des chaînes multiplie d’autant les médias à fournir.
C.F : Ça te dirait de donner des cours chez Argo VFX ?
M.D : Oui, j’ai toujours trouvé que les écoles d’art appliqués, particulièrement dans le numérique (attention pas toutes), étaient de la poudre aux yeux. Des formations chères pour un apprentissage discutable. Ton projet à l’air de s’inscrire dans les écoles justes dont le but n’est pas de faire de l’argent, mais de former convenablement des élèves. Donc oui sans aucun doute !