Argo VFX donne la parole à des professionnels afin de vous faire découvrir les nombreux métiers liés à l’audiovisuel. Ce sont tous d’anciens étudiants dont j’ai croisé la route à un moment ou un autre.
Cette fois c’est Mickael Junot qui s’est prêté au jeu.
Christophe Fernandez : Salut Mickael. Quel âge as-tu ? Quelles fonctions occupes-tu aujourd’hui ? ou quel métier exerces-tu ?
Mickael Junot : Hello ! Il est 18h48 et j’ai 30 ans. Actuellement, je travaille à Paris chez Ohbibi en tant que Character Artist. Pour être précis, je suis Game Artist spécialisé dans tout ce qui concerne les personnages. En général mon travail consiste à modéliser ou sculpter à partir d’un concept du Directeur Artistique, texturer, rigger, skinner, parfois animer et intégrer dans le moteur de jeux. Autour de ça, je gère aussi les graphistes qui gravitent autour du projet sur lequel je suis, je dois savoir qui fait quoi, récupérer les éléments à intégrer et faire de magnifiques tableaux sur les tâches en cours. Étant donné la taille du studio, on doit être multitâche.
CF : Quand as-tu su que tu voulais travailler dans ce milieu ? Tu étais plutôt artiste ou technicien ?
MJ : J’ai toujours voulu faire quelque chose de créatif, mon père voulait que je le suive dans l’armée, mais je préférais dessiner des p’tits ninjas et des magiciens. Pour ce qui est de la 3D en particulier, je pense que ça s’est fait par étapes. Les moments clés ont été le clip « Crazy Frog« , une interview de Dreamworks sur TF1 à propos de Shrek 1, le film Final Fantasy Advent Children et quand j’ai dû choisir la filière à suivre avant de rentrer à GraphiCréatis (rip). J’étais avec mon pote Erwan, il m’a dit « la 3D c’est plus dur ». Avec le recul, je ne pense pas, mais à 18 ans en 2009, ça semblait fou.
CF : Comment t’es-tu formé ? Quel partie as-tu apprise seul et quelle autre en école ?
MJ : Mentionnée plus haut, j’ai été à GraphiCréatis à Nantes, juste après le bac. En y arrivant, je connaissais tout juste photoshop et les calques en plus de mes notions correctes en dessin traditionnel. Pour ce qui est des bases, on les a apprises à l’école, mais la pratique et les subtilités du métier viennent lors des stages et premiers boulots.
Si je devais retenir une chose que j’ai apprise seul, ça serait le digital painting et comment créer un rig avec des controllers et gérer les contraintes entre les bones.
Mais ce ne sont que les grandes lignes qui me viennent à l’esprit. En Fait, l’industrie est tellement vaste et chaque studio a sa façon de fonctionner, c’est impossible de tout apprendre à l’école. Le plus important c’est que votre formation vous donne les bonnes clés, les bonnes méthodes pour avancer.
CF : Que penses-tu qu’il ai manqué dans les écoles que tu as fréquentées ?
MJ : Vaste question. On a surtout manqué de communication entre la direction et les élèves, surtout parce qu’elle ne comprenait pas ou qu’en partie ce qu’on faisait.
Sinon en 3D plus particulièrement, je dirais des techniques plus poussées sur l’animation. La formation était plus sur les rendus d’archi et le compositing VFX.
Mais j’ai pu me débrouiller, donc ce n’était pas handicapant et ça peut s’apprendre sur le tas.
CF : Comment es-tu entré dans le milieu professionnel ? Quel a été ton premier contrat ?
MJ : Mon entrée s’est faite par mes deux stages à Forêt Bleue (rip), après avoir tanné pendant des mois la boîte et peaufiné mon portfolio, ils ont fini par me prendre en freelance pendant 3 mois. J’y ai travaillé sur du nettoyage de modélisation, de la rotoscopie et de la création d’éléments 3D pour un générique d’émission. Ah oui j’ai aussi fait une navette pour un épisode de la série Metal Hurlant Chronicles, mais au final il était tout noir dans le plan et de dos, mais il était cool ! Après ça j’ai pu enchainer les contrats freelance chez Carré Production, Zorba, TBWA/Else et d’autres, jusqu’à arriver chez Ohbibi en tant que salarié.
CF : Quels logiciels utilises-tu le plus dans ton travail de tous les jours ?
MJ : Depuis presque 2 ans, Blender est devenu mon nouveau compagnon de route, il me permet de faire tout ce dont j’ai besoin, il est mis à jour plusieurs fois par an, on peut suivre le développement des différentes branches du logiciel et la communauté est très active, donc que du bonheur.
CF : Comment vois-tu les années à venir professionnellement ?
MJ : Dans le futur, j’espère pouvoir me positionner comme directeur artistique là où je suis ; pour l’instant j’apprends. Et en parallèle, j’aimerai développer mon propre petit jeu sur un gars qui veut se faire un sandwich.
CF : Ça te dirait de donner des cours chez Argo VFX ?
MJ : Pour convertir de nouveaux adeptes à Blender ? Avec plaisir !