Argo VFX donne la parole à des professionnels afin de vous faire découvrir les nombreux métiers liés à l’audiovisuel. Ce sont tous d’anciens étudiants dont j’ai croisé la route à un moment ou un autre.
Cette fois c’est Tristan Michel qui s’est prêté au jeu.
Christophe Fernandez : Salut Tristan. Quel âge as-tu ? Quelles fonctions occupes-tu aujourd’hui ? ou quel métier exerces-tu ?
Tristan Michel : J’ai 30 ans et je suis artiste d’environnements chez Beenox, un studio d’Activision. Tout dépend des projets mais je m’occupe de modéliser et rendre vivants les environnements de nos jeux. Cela peut aller de créer et habiller des bâtiments à sculpter/texturer des terrains, ou modéliser des props/assets [accessoires et éléments du jeu]. J’ai travaillé sur Crash Team Racing : Nitro Fueled, Tony Hawk 1+2 Remaster ainsi que Call of Duty Warzone et Call of Duty Black Ops: Cold War.
C.F : Quand as-tu su que tu voulais travailler dans ce milieu ? Tu étais plutôt artiste ou technicien ?
TM : Un peu avant de commencer mes études supérieures, et ça s’est confirmé la première fois que j’ai touché à un moteur de jeu vidéo. Je voulais créer des mondes vivants, j’ai donc toujours plus penché du coté artistique que du côté technicien, même si certaines connaissances techniques sont nécessaires.
C.F : Comment t’es-tu formé ? Quel partie as-tu apprise seul et quelle autre en école ?
TM : J’ai appris les bases de la modélisations 3D, Photoshop et le fonctionnement de Unity à l’école. Ensuite j’ai par moi même approfondi et fait évoluer ces connaissances avec l’arrivée de nouveaux logiciels et de nouvelles techniques pour rester au niveau de l’industrie et surtout montrer que je ne me contentais pas de mes connaissances acquises.
C.F : Que penses-tu qu’il ait manqué dans les écoles que tu as fréquentées ?
TM : La spécialisation dans un domaine précis de la 3D. C’est un monde très vaste qui demande énormément d’aptitudes et de connaissances dans plein de domaines et logiciels. Rien que le métier d’Artiste d’environnement peut être divisé en plusieurs spécialisations : Material, Props, Terrains, Level Art. Une connaissance général du Game Art plus une spécialisation est une très bonne chose, plus du temps pour réaliser un gros projet complet de fin d’études de meilleure qualité afin de se faire remarquer.
C.F : Comment es-tu entré dans le milieu professionnel ? Quel a été ton premier contrat ?
TM : Pour mon premier contrat, j’ai été recommandé par un ami pour un projet de 3 mois à Angoulême. Ensuite, la France étant assez bloquée niveau opportunités dans le jeu vidéo, j’ai pris la décision de bouger au Québec où l’industrie est beaucoup plus importante et ouverte. J’ai postulé à plusieurs studios pendant presque un an. Lors d’une conférence à Montréal, j’ai pris contact avec Beenox lors d’un review de portfolio. Après cela ils m’ont contacté et proposé des entrevues, ils m’ont pris en tant qu’Artiste Environnement sur le remaster de Crash Team Racing.
C.F : Quels logiciels utilises-tu le plus dans ton travail de tous les jours ?
TM : Ça dépend vraiment des projets, et il y a souvent des outils propriétaires. Sinon les classiques, Max, Subtance Painter, Zbrush, un peu de world machine. Blender commence à prendre beaucoup de place et être utilisé dans les gros studios, Megascans aussi avec Quixel.
C.F : Comment vois-tu les années à venir professionnellement ?
TM : Aucune idée ! Avec mon expérience et mes compétences acquises ces dernières années, et la présence de quasiment tous les plus gros studios mondiaux au Canada, les possibilités sont grandes. Pour le moment, j’aime les projets sur lesquels je travaille mais on ne sait jamais ce que l’avenir va me réserver.
CF : C’est comment la vie au Québec ? Tu as pris l’accent ?
TM : L’accent non, mais certaines expressions oui ! C’était quand même un gros changement de vie et une décision pas facile à prendre, de bouger aussi loin. C’était un gros sacrifice, et c’est toujours un peu dur, mais ça vaut le coup. Ma carrière n’aurait jamais démarré en France.
Mais il faut bien réfléchir avant de prendre une telle décision. Je connais pas mal de gens qui sont repartis ou qui comptent actuellement ne pas rester.
CF : Question subsidiaire : si tu n’étais pas si loin (mais tout s’organise), ça te dirait de donner des cours chez Argo VFX ?
TM : Oui bien sur, c’est sûr que c’est difficile dans mon cas vu que je rentre rarement, mais ça pourrait s’organiser quand je reviens, ou pourquoi pas en distanciel.